Où en est-on avec les circuits courts ? par Sandrine Doppler
L’année 2020 est inédite à bien des égards due à la pandémie du Covid-19. Dans ce contexte, la prochaine édition du SIAL, programmée à Villepinte, est reportée à 2022. En attendant, une version inédite virtuelle est organisée. Webinaires, conférences, échanges, actualités… le contenu sera tout aussi enrichissant via une plateforme dédiée.
Aujourd’hui, Sandrine Doppler, experte en transition et innovation alimentaire, fait le point sur les circuits courts. Lors du SIAL Paris 2018, elle avait traité de leur essor. Après s’être consacrée plus de 20 ans à la communication et au marketing, Sandrine Doppler a souhaité revenir à son sujet de prédilection : l’alimentation au sens large. Alors qu’au début des années 2010, les circuits courts devenaient une évidence, que les start-ups commençaient à s’intéresser à l’alimentation du futur et les consommateurs étaient à la recherche de nouveaux modes de consommations, dans le même temps son histoire personnelle lui a fait prendre conscience de l’importance de consommer différemment pour une “alimentation durable et responsable”. Depuis 10 ans, Sandrine Doppler accompagne les institutions et les marques dans la “transition et l’innovation alimentaire”. Elle est fondatrice du Webinaire : Planet Food, le média Do Think de la transition alimentaire et de la série 1 Question 1 Expert sur l’alimentation en période de confinement. Elle est auteure de livres blancs et d’articles sur la food et le CareBranding. Également consultante/speaker entre Paris et Genève, elle accompagne également les institutions, les marques, les acteurs de la food, dans leur stratégie pour une alimentation durable et responsable.
Derrière l’appellation « circuits courts » se cache un marché en pleine évolution : marché traditionnel, vente directe à la ferme, mais aussi création par les producteurs de magasins en ville et instauration de drive fermiers qui ont su s’emparer du digital. Les circuits courts ont toujours existé : autrefois dans les campagnes, les agriculteurs déposaient leurs produits chez les habitants. Aujourd’hui, le problème qui se pose, c’est qu’en ville, on ne trouve plus de fruits et de légumes à proximité. Pour cela, il faut aller chercher des zones de production aux alentours.
Circuits courts : de multiples enjeux
Les circuits courts ont des enjeux politiques, économiques, sociaux, technologiques, environnementaux et légaux. Au niveau politique, on compte de nombreuses initiatives. Reste que l’appellation “produits locaux” à ses limites tant il y a un décalage sur le plan national, territorial, local, régional, etc. Côté économique, le système des circuits courts est à revoir, d’autant que chaque crise remet en cause les fondamentaux. Sur le plan social, on constate une prise de conscience de la part des consommateurs. Ils veulent manger mieux et frais. Aujourd’hui, des communautés se développent autour d’échanges et de valeurs sur une alimentation saine et les circuits courts à travers les réseaux sociaux notamment, ainsi que des plateformes en ligne (click & collect, etc.) Ainsi, les réseaux sociaux, en particulier Instagram, ont une grande influence sur le comportement des individus et les dernières tendances à adopter. A l’image des recettes équilibrées à cuisiner chez soi en utilisant des produits locaux que se développent. Sur le plan environnemental, les circuits courts permettent une baisse de l'empreinte écologique, avec une utilisation réduite des transports. L’une des forces des circuits courts, c’est d’ailleurs l’information sur la provenance des produits. La traçabilité reste un enjeu majeur et est de plus en plus réclamée par les consommateurs.
La crise sanitaire et le confinement ont profondément impacté nos modes de vie en nous privant de déplacements, mais surtout en recentrant nos priorités. Le fait que les citadins se soient confinés loin des villes n’a pas compensé la perte des revenus liés à l’arrêt de l’export et à la fermeture des cantines et des restaurants. Chaque année, 3,7 milliards de repas sont pris hors du domicile. Et au sortir du confinement, l’engouement pour l’achat en circuit court est nettement retombé comme l’a écrit Samuel Eynard, président de la FDSEA. Les ventes ont chuté de moitié, même si elles restent de 20 à 30 % supérieures à ce qu’elles étaient avant la crise due à la Covid 19.
Les circuits courts toujours en plein essor
Reste que les circuits courts ne cessent de se développer ! On observe une revitalisation des marchés de producteurs, des boutiques de producteurs, des ventes directs à la ferme. Dans cette élan, plusieurs actions sont mises en place comme les distributeurs automatiques, les ventes au bout du champs, les plateformes en ligne, sites internet etc. Ainsi, une multitude de canaux est à disposition des consommateurs répondant aux besoins individuels. Aujourd’hui, les consommateurs fuient les conservateurs et additifs. C’est pourquoi, l’idée est de rapprocher la ferme et les consommateurs pour permettre une approche plus directe, une consommation plus locale et une vision plus transparente sur la provenance des produits.
L’avenir des circuits courts se trouve dans
Redynamisation du cœur des villes
L’accès aux professionnels et à la restauration collective aux produits locaux
L’enjeu majeur de transition alimentaire et de transition énergétique.
Notre société est prête pour le changement, mais les discours contradictoires font qu’elle ne comprend pas comment y parvenir. Les changements se font sur le long terme. Il faudra du temps pour accepter les inévitables mutations.
Pour plus d’informations :
Eléonore de Rozières
Nathalie HUTTER-LARDEAU
CEO Atlantic Santé
nathalie@atlanticsante .fr
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